Les régions au nord de Mexico City

20 janv.

On est parti pour une boucle dans les états situés au nord de Mexico City, avec la région de San Luis Potosi en point de mire. Nous quittons Mexico à 7h30 dans le but d’éviter le trafic, mais il nous faut malgré tout plus d’une heure pour sortir de la ville. Il faut ensuite enjamber la chaîne de volcans qui entourent la ville et nous montons jusqu’à 3200 mètres d’altitude avant de nous diriger vers la vallée de Valle de Bravo. C’est le Mexique mais il fait frisquet de bon matin à cette altitude, et le thermomètre descend jusqu’à 7º. Ça ne dure heureusement pas longtemps et c’est avec plaisir que nous retrouvons un environnement en pleine nature, avec une belle route sinueuse dans un paysage qui ressemble un peu au Jura.

Valle de Bravo est également une jolie petite ville au bord du lac du même nom. Cette région se trouve sur la route menant à la Réserve de biosphère du papillon monarque où nous avons l’intention de nous rendre demain, après une étape à Zitácuaro qui se trouve à une vingtaine de kilomètres de l’entrée du parc.

On voulait aller voir les papillons mais ceux-ci n’étaient pas au rendez-vous. Il aurait fallu marcher plus d’une heure dans la forêt pour espérer en voir deux ou trois, et comme en plus il menaçait de pleuvoir, nous avons abandonné… On se contente donc d’une courte étape dans la montagne, avec des routes plutôt scabreuses qui nous mènent jusqu’à Ciudad Hidalgo où nous trouvons un joli petit hôtel et un bon restaurant, histoire de fêter dignement mon anniversaire !!

Nous alternons de la belle route sinueuse, parfois entrecoupée de quelques kilomètres de piste, et des tronçons de voies rapides. Au niveau des paysages nous passons des collines verdoyantes à des zones urbaines plutôt grisâtres, et au milieu de tout ça on découvre des petits coins de paradis, comme ce petit restaurant au bord d’une lagune pour une pause repas des plus agréables.

Après une nuit à Irapuato, nous faisons un bref arrêt au centre ville de Léon, capitale de l’état du même nom. Nous nous baladons autour du Zócalo où il y a quelques bâtiments intéressants et la ville mériterait certainement qu’on s’y attarde un peu plus. Mais le but du jour est la ville de San Juan de Los Lagos qui nous a été recommandée par Miguel, chez qui nous avions séjourné près de Tequila. Et là c’est plutôt la déception!! Ce lieu c’est le Lourdes du Mexique, et à part des églises, des crucifix et autres bibelots à consonance religieuse, il n’y a rien. Nous déambulons tout de même dans les ruelles autour de la place principale où trône une magnifique église, et il nous faut quasiment une heure pour dénicher un restaurant. Heureusement que le repas n’est pas trop mal car ensuite on a pas d’autre choix que de rentrer bien sagement à l’hôtel.

C’est ensuite via une route sinueuse que nous traversons quelques zones montagneuses afin de rejoindre la ville de Zacatepas, capitale de l’état du même nom. En chemin nous faisons une brève halte à Jalpa afin de nous sustenter. Zacatecas est une ville située à 2450 mètres d'altitude au nord de la Sierra Fría. C’était autrefois un important centre minier, mais Zacatecas s'est reconvertie aujourd’hui dans le tourisme. Son centre historique est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, en est la principale attraction. Nous y passons une journée à flâner dans les innombrables ruelles, et à apprécier l’atmosphère paisible qui y règne.

Nous traversons ensuite des paysages désertiques remplis de cactus qui nous rappellent le parc de Joshua Tree aux USA, et arrivons dans la ville de San Luis Potosi, qui est également la capitale de l’état du même nom. C’est une charmante ville coloniale dont les principaux attraits sont la Plaza del Carmen, la Plaza de Armas et sa cathédrale, le marché Hidalgo ainsi que la Plaza San Francisco et ses églises. On y déniche même un restaurant français où ils proposent la raclette, mais c’est malheureusement sur commande alors on se rabat sur la tartiflette. On ne l’a pas rencontré mais le chef doit probablement avoir des origines savoyardes…

C’est dans l’état de San Luis Potosi que se trouve la Huasteca Potosina, une région de paysages de déserts et de forêts luxuriantes avec des fleuves aux eaux cristallines, des lagunes et des cascades. Le petit village de Tamasopo se trouve au cœur de ces paysages uniques, et nous y passons deux nuits afin de consacrer un peu de temps à la balade dans ces magnifiques contrées. La Puente de Dios, avec ses piscines naturelles et ses cascades, est un endroit merveilleux avec des eaux tempérées propices à la baignade. Il y a également El Trampolin, un endroit au bord de la rivière avec d’immenses arbres et des cascades où l’on peut également se baigner.

Nous quittons Tamasopo en direction de la Sierra Gorda, mais comme la pluie est annoncée pour demain, nous décidons de passer deux nuits à Xilitla, juste avant d’entrer dans la zone des montagnes. Xilitla est située à environ 600 mètres d’altitude, dans un environnement montagneux de forêts luxuriantes, avec de nombreuses sources et cascades. C’est une des régions les plus humides du Mexique, ce qui explique cette abondante végétation quasi tropicale. Son relief escarpé a partiellement protégé Xilitla de l'industrialisation, ce qui a favorisé le maintien des cultures et des traditions agricoles des indigènes Huastèques et Nahuatl. En plus de l’espagnol, la plupart des habitants parlent encore une langue indienne, principalement le huastèque.

Xilitla est surtout connue pour son jardin de sculptures de Las Pozas, que nous visitons avant l’arrivée de la pluie. La beauté naturelle du site a donné l'idée à l'excentrique artiste et milliardaire anglais Edward James de créer Las Pozas (les Bassins), un jardin dans une forêt tropicale humide juste à l'extérieur de la ville. Il comporte plus de 32 hectares de cascades et de bassins parsemés de sculptures surréalistes en béton. Le but de James était de créer un «Jardin d'Éden» à Las Pozas. Et pour l’anecdote, Edward James a effectué une partie de ses études à l’institut du Rosey à Rolle.

Nous voulions traverser la Sierra Gorda, mais comme il ne faisait que 7 degrés à 600 mètres et que nous devions monter jusqu’à 2600 mètres d’altitude, on c’est dit que nous allions prendre une autre route… et au final nous avons eu le parfait chaos mexicain. Après un premier tronçon plutôt agréable nous avons eu une zone de travaux interminable avec des ralentissements, des portions de piste et des machines de chantier dans tous les sens. Vers 13h30 nous faisons une rapide pause repas car il nous reste encore pas mal de route. C’est en sortant de la ville qu’on tombe sur la surprise du jour, un blocage de la route par des gens qui revendiquent on ne sait trop quoi !! J’ai beau essayer de palabrer, de dire qu’on est Suisses et qu’on a rien à voir dans leurs histoires, impossible de passer. Et ils disent que ça peut durer jusqu’à la nuit… Nous étions plutôt stressés, mais heureusement que des locaux nous ont aidé à trouver un itinéraire de contournement. Finalement une très belle route, avec de magnifiques paysages dans la montagne, mais malheureusement avec beaucoup de tronçons dans un épais brouillard, et aussi beaucoup de topes. Également des jolis villages très rustiques avec des cabanes en tôle ou en bois, des chiens qui dorment au milieu de la rue, des gros cochons roses mangeant sur le bord de la route, ainsi que des vaches et des chevaux qui ont tendance à nous couper la route… Après toutes ces péripéties, on a juste réussi à trouver un hôtel avant la nuit. Pas le grand luxe, mais c’est mieux que de dormir dehors, et pour 25 francs on peut pas avoir le Ritz.

Le lendemain sera une magnifique journée ensoleillée passée entre 1600 et 2500 mètres d’altitude. Une alternance de routes rapides, de portions bien sinueuses et également des zones d’habitations où les topes poussent comme des champignons. On quitte l’état d’Hidalgo pour celui de Puebla, et on recommence à voir pas mal de cactus de toutes sortes, qui ne devraient pas tarder à fleurir. Je suis tout content de tomber sur un restaurant qui propose de la paella, tellement content que je commande la version pour 2 personnes et j’avoue quand même que je n’ai pas réussi à finir… Nous passons la fin de journée et la soirée dans la petite ville au nom imprononçable de Chignahuapan, avec une balade autour du Zócalo où se trouve une très belle petite église avec plein de couleurs.

Le jour suivant on s’est amusé à compter les topes et sur un trajet de 253 kilomètres, on en a dénombré 268. Ces derniers sont surtout présents près des lieux d’habitation, mais ça représente quand même une moyenne effarante de un tope tous les 950 mètres. Pour ceux qui ne le savent pas, un tope est un ralentisseur (ou dos d’âne comme on dit par chez nous), et ici ils sont plutôt cassants. Ce détail mis à part, ce fut une étape très agréable, dans des paysages montagneux, avec une route contenant à peu près tout ce qu’une route peut offrir. De magnifiques tronçons de virages avec un revêtement excellent, qui se transforment soudainement en piste avec des trous et des ornières un peu partout, quand ce n’est pas un animal quelconque qui décide de traverser sans crier gare… Il faut rester en permanence concentré à 200%. Les derniers 40 kilomètres nous ont fait dévaler de 2500 à 1400 mètres d’altitude via une route à 2 voies où les usagers roulent à fond, et dépassent à 3 véhicules de front. Le mieux c’est de faire comme eux sinon tu restes bloqué derrière les camions pendant toute la descente. Autant dire qu’il faut garder les yeux grands ouverts et avoir le cœur bien accroché, maïs c’était un bon moment d’adrénaline !!

Après ces émotions, on est content d’arriver à Xalapa où l’on passe deux nuits, avec repos, lessive et visite au programme. Xalapa est la capitale de l'État de Veracruz. Le cœur historique de la ville s'articule autour du Parc Juárez où se trouve également la cathédrale de l'Immaculée Conception qui est un des principaux monuments de la ville. Sur cette même place se trouve le le palais du Gouverneur et les bâtiments de la municipalité. Il y aussi Los Lagos, une zone d’activités autour d’un petit lac, proche d’un quartier où le street art est bien présent. Et nous faisons encore une brève visite du parc Los Tecajetes, une sorte de mini jungle au milieu de la ville, avec des points d’eau remplis de tortues.

Il est temps maintenant de mettre le cap au sud, et demain nous reprenons la route en direction de l’état du Chiapas…